Troie est toujours à prendre
Après Homère, Euripide, comment s’y prendre ?
Veines et artères vivaces et battantes
De si longs fils a tissé, de quoi se méprendre,
Dans les mémoires les consciences, bien vivante,
Troie est toujours à prendre.
Que ce soit en sonnet qu’elle se fasse entendre
Ou qu’elle soit chantée par les plus amoureux,
Une muse, une déesse qui se fit pendre,
Hélène est toujours vive elle maintient le feu,
Troie est toujours à prendre.
Tant de poètes ta gloire chue ont louée,
Capitale déchue dont l’aura de répandre
N’a jamais eu de cesse, d’année en année,
L’éternelle vivacité qui reste à prendre,
Troie est toujours à prendre.
Magnifique Ilion cœur grec couvert de cendres
Forteresse assiégée et en état de ruine
Citadelle fabuleuse aux nombreux méandres
Depuis des temps anciens, ton destin illumine,
Troie est toujours à prendre.
Un mythe séculaire légende millénaire
Concurrente de Sparte tout comme d’Athènes
Du plus haut des sommets aux gouffres de l’enfer
Tombée ; de la culture grecque l’hymen,
Troie est toujours à prendre.
Scènes de duels sur les rives du Scamandre
Cité bâtie sur non une source mais deux
Contre les prédictions de la douée Cassandre,
Pâris ou Ménélas, lequel choisir des deux ?
Troie est toujours à prendre.
Ménélas mon ami venez donc relever
Le défi qu’à vous Pâris soumet sans attendre,
Sans transition : Hélène, ma bien aimée,
A vos souhaits, hélas ! mon âme doit se rendre,
Troie est toujours à prendre.
De l’ennemi ayant à cœur de te défendre
Hector, fils de Priam, se dresse à ton devant
Brandit le glaive et va afin de le pourfendre
Pâris, son frère, exhorte à soutenir son camp,
Troie est toujours à prendre.
Après dix ans d’attente patiente et guerrière
Ingénieux stratagème afin de la reprendre
Cheval de bois, de fer pénètre ventre à terre
Combat utopique, métaphorique esclandre,
Troie est toujours à prendre.
Alors la guerre de Troie n’a donc pas eu lieu,
Hypothèse formulée restant à comprendre,
A-t-elle, n’a-t-elle pas ? Lequel choisir des deux ?
L’amour de la Reine de Sparte reste à prendre,
Troie est toujours à prendre.